Alors, fier de toi ? Bien sur que non, lorsque tu atterris dans un bar pour vider ton esprit et te remplir d'alcool, c'est rarement après une bonne action. Cette fois-ci, comme la plupart du temps, c'est encore un malentendu avec Fëanor qui te pousse à aller boire. Franchement Mnemo, prends-toi en main ! Tu penses sérieusement que te réveiller ivre mort sur un comptoir dans les bras d'une fille à gros seins, c'est un quotidien enviable ? Non bien sûr, tu ne le penses pas. Mais tu t'en fiches, de ce dont tu as l'air, alors tu te permets ce genre de "fantaisies".
En parlant de fille à gros seins, l'une d'elle s'approche de toi, un sourire angélique aux lèvres. Bien sûr, vu sa tenue, on devine vite quel genre de personne c'est. Elle se pose sur tes genoux, se laisse caresser un instant, puis repart. Toi, tu restes à scruter la foule, le regard vide. C'est vrai que ce bar est un peu trop plein aujourd'hui. En tant qu'habitué, tu y viens souvent pour le calme et la discrétion des lieux alors voir des soldats qui hurlent ou des couples d'un soir qui se bécotent, ça ne t'enchante pas trop.
Voilà mademoiselle poitrine qui revient, avec ta commande sur un plateau. Elle se penche pour poser ta choppe sur la table, laissant ses attributs déborder méchamment de son décolleté. Tu lui laisse un généreux pourboire, de plus en plus attiré par son corps. J'ai toujours autant de mal à comprendre l'intérêt que tu portes à ces créatures. Te rappeler que Fëa t'attends au palais ne ferait que te mettre en colère, alors je me tais.
Tu observes cette femme avec beaucoup d'insistance, un peu trop même. Elle va se cacher, revient, t'apportes une autre choppe, retourne cajoler un autre homme, disparaît... Sa démarche t'amuses. Tu lui fais signe de venir, lui jetant une bourse dans les mains. De nouveau souriante, elle approche à grand pas, visiblement heureuse d'avoir trouvé un client.
Apparemment, ta trouvaille dérange un homme qui s'approche de vous, le visage dur. Tu n'y fais d'abord pas attention, jusqu'à ce que tu remarques l'épée dans le dos de l'étranger. Te voilà hésitant entre une bataille de poings ou de regards. Le deuxième conduirait automatiquement au premier et, connaissant ta force, nous savons tout les deux que tu ne feras pas le poids. Aussi, pour éviter de finir lapider au fond d'une ruelle, tu concèdes à adresser la parole à cet inconnu patibulaire.

— Quoi ? J'ai payé pour elle, je la partage pas.

Mnemosyne, ou l'art de la diplomatie. Sincèrement, s'il lui prend l'envie de t'éclater la face contre un mur, je ne demanderai pas à Fëa de venir te chercher, tu l'auras trop bien mérité. Moi, je regarde la scène, vidant le fond d'une de tes choppes. Baston, baston !

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Popopooo, comment ça juge ton physique ! Comment ça te parle ! Moi j'dis, baston, baston ! Erm, mais non bien sûr. Toi tu préfères regarder ce gars galocher gentiment t'as conquête de ce soir au lieu de défendre ta proie en bon mâle dominant. Remarque, n'étant pas mâle dominant t'es plutôt à ta place, mais bref. Tu les fixes, de moins en moins content. Bien sûr, tu aurais trop aimé utiliser la magie pour faire fondre les muscles de ce gars, ou bien le transformer en fille, mais la transformation mettrait en péril ta propre virilité alors... Et puis, la dernière chose que le patron veut voir, c'est bien une bataille magique. Mais ce gars là, avec son sourcil levé, il attend bien une réaction de ta part.
Et c'est là que tu le baises. Tu ne réagis pas, un petit sourire aux lèvres. Limite si t'as pas l'air de dire "Vas-y, continue, j'aime c'que tu lui fais". Nan sérieux Mnemo, t'es flippant, arrête de les fixer. Arrête de sourire. Je sais pas moi, dis quelque chose, fais quelque chose, parle, bouge, mais arrête ! En plus, je le sais. Je le sais qu'au fond de toi tu crèves d'envie de défoncer ce gars, de tabasser la fille, et de partir sans payer tes boissons. Mais tu aimes le tenancier, t'es pas en état de te battre, alors tu restes là.
Ah, mais oui. En fait, tu n'es pas immobile par choix. C'est juste parce que tu ne peux rien faire d'autre. Si, boire, mais c'est moi qui ai toutes tes choppes alors... Je me demande bien ce que Fëa dirait en te voyant, tiens. N'est-ce pas, qu'il ne serait pas content de te voir rager pour les yeux d'une fille ? T'as rien à foutre là Mnemo, rentre chez toi. Mais suis-je bête, tu es trop "fier" pour ça...

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Et... nous revoilà au point de départ. Tu bois, en inspectant le corps de cette pauvre dame comme un bout de viande. T'as beau faire semblant, c'est évident que ce gars a un peu chamboulé ta soirée. Un peu beaucoup d'ailleurs. Limite tu penses plus à lui qu'à la fille. C'est gore Mnemo, si tu veux le draguer fais-le ouvertement au lieu de te comporter comme un coq !
Mais non allez, je blague. De toutes façons, tu n'as plus envie de sexe. Genre, du tout. La seule éventualité que tu vois, c'est te soûler jusqu'à oublier à quel point tu as étais pitoyable pendant cette soirée. Bien sûr, ça ne te viendrait pas à l'esprit de rentrer chez toi et de faire comme si de rien n'était. Nooon, c'est trop simple pour monsieur Mnemosyne ça. A la place, tu vas continuer à faire le roi de la basse-cour en allant te venger. De quoi ? Mais j'en ai aucune idée moi. Toi non plus, je suppose. Rassis toi Mnemo, il est encore temps de repartir.
... Ah non. Non, plus maintenant. Quand tu as tapoté gentiment sur l'épaule de l'inconnu, j'ai cru que tu y allais pour faire la paix. Mais j'aurais dû considérer un peu plus ton poing serré, ta mâchoire contractée, tes yeux furieux. Un « Connard, nique pas ma soirée » baragouiné avec un ton bien alcoolisé m'assura de tes intentions. Tu voulais le cogner. Tu voulais créer une baston général.
... Ah non. Non, pas de baston. Tu le regardais toujours aussi méchamment, ton poing fermement abattu sur la table.

— Filez-nous un dès, j't'explose en trois manches gagnantes.

Je ne dirai qu'un mot. RI-DI-CULE.

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